Le verre pilé est un déchet qui a au cours des âges connu divers usages. Depuis longtemps, il est nommé grésil ou groisil en France. Le « calcin » désigne spécifiquement des débris de verre utilisé dans les verreries qui recyclent du verre issu du tri sélectif des déchets. Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), 77,9 % du verre a été recyclé en France en 2017 soit plus de 3 bouteilles sur 4. Qui dit recyclage, dit sa réintroduction pour l’essentiel dans les chaîne de fabrication de nouveaux emballages en verre. La verrerie de Givors fut une grande consommatrice de verre récupéré pour sa production. Il était broyé sur place et l’atelier le produisant était précisément nommé « le Groisil ». Les conditions de travail y étaient particulièrement difficiles et les ouvriers avaient l’habitude de considérer que l’atmosphère rappelait les œuvres de Zola créées au XIXe siècle.

Selon Landris (2007), « Les problèmes de santé les plus fréquents sont le risque de coupures cutanées et d’inhalation de poussière de verre lors de la manipulation physique ». L’inhalation de matériaux fins (PM10, c’est-à-dire 10 micromètre ou moins) contenant 1 % de silice cristalline (ou plus) est maintenant considérée comme source de risque certain pour la santé (c’est pour cette raison que le sable a été interdit comme agent de grenaillage dans de nombreux pays). Si la dose de silice inhalée est importante, même une courte exposition peut causer une silicose et des indices laissent penser que des formes dites amorphes de silice peuvent aussi endommager les poumons. Le risque de tuberculose et de cancer du poumon augmente chez les travailleurs exposés à la silice et statistiquement parlant, le risque de mortalité augmente aussi, de même que les risques de bronchite, emphysème, maladies pulmonaires obstructives chroniques, maladie auto immune (ex : sclérodermie, arthrite rhumatoïde, lupus érythémateux systémique) et certaines maladies rénales. La silice est maintenant classée cancérigène prouvé chez l’Homme.

Capacité de broyage augmentée, mai l’amélioration de la protection environnementale des verriers n’a pas été prévue contre la poussière de verre et de silice.

Le risque majeur pour la santé est l’inhalation de poussière ou micro-fragments coupants d’agrégat de verre recyclé (Clean Washington Center, 1998) ou de poudre abrasive à base de verre pilé. La poudre de verre n’est pas coupante, mais la poussière de verre est essentiellement constituée de silice. Ce minéral n’est pas en tant que tel toxique (structure amorphe) mais il peut être dangereux pour la santé s’il est inhalé chroniquement (silicose).

Peu d’étude existent sur les effets pulmonaires de l’inhalation de micro-débris de verre, mais pour la médecine du travail ont été réalisés quelques travaux ayant porté sur l’inhalation de produits siliceux utilisés comme abrasifs alternatifs au sable de grenaillage. Ces alternatives sont le verre pilé, les billes d’acier, scories de cuivre ou de nickel, olivine pilée), qui montre chez l’animal de laboratoire des effets délétères : inflammation des tissus pulmonaire et fibrose. Chez le rat les micro-fragments d’olivine ont encore plus d’effets inflammatoires que le verre pilé. Les microbilles d’acier ne sont pas sources de fibrose (après 28 jours) mais causent néanmoins une hyperplasie et hypertrophie des cellules de l’épithélium pulmonaire (comme en cas d’inhalation de particules de sable de grenaillage), ce qui laisse supposer de possibles effets négatifs pour la santé.

A la verrerie de Givors, une silicose fut reconnue en maladie professionnelle au tableau n°25 pour un salarié employé précisément au Groisil. Mais ce travailleur était aussi affecté au secteur Choix, reflétant la généralité de ces affectations : combien de salariés de ce secteur, notamment les caristes, pouvaient être temporairement, pour des remplacements, affectés aux travaux du Groisil ou travailler à la Composition où se manipulaient des tonnes de sable dans un environnement extrêmement poussiéreux.

Bronchite, emphysème, maladies pulmonaires obstructives chroniques, etc. sont nombreuses parmi les anciens verriers de Givors. Ces conditions de travail désastreuses pour la santé, sans protection collective (aspirations collectives insuffisantes), sans protection individuelle ( absence de masques) conduisent aux pathologies que l’on relève aujourd’hui et qui se déclarent plusieurs dizaines d’année après l’exposition.

Source: https://fr.wikipedia.org/