On empoisonne les rivières / Les océans / On mange des hydrocarbures / Que sais-je encore / Le Rhône charrie du mercure / Des poissons morts… Chantait Jean Ferrat en mars 2017.

Rouge gorge

Les effectifs de 41 % des espèces d’oiseaux rencontrées dans les jardins en France métropolitaine ont diminué depuis dix ans. C’est le constat que dresse, ce mardi 24 janvier, l’Observatoire des oiseaux des jardins une décennie après sa création. Cet organisme, piloté par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l’équipe Vigie-nature du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et de l’Office français de la biodiversité (OFB), conduit deux campagnes annuelles de comptage national.

« Là où [les oiseaux] sont en nombre, c’est l’ensemble du cortège du vivant (reptiles, insectes, mammifères) qui s’épanouit, souligne le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, sur le site de Charlie Hebdo. Si au contraire [leur population] diminue, c’est la biodiversité qui s’efface. » La diminution, constatée surtout au printemps, serait le résultat d’une augmentation des températures, mais aussi de la disparition des proies, victimes d’insecticides et autres pesticides, et d’une réduction des nichoirs en raison de la multiplication des travaux de rénovation de bâtiments. Certaines espèces, sur la cinquantaine observée par les bénévoles, sont particulièrement touchées : le martinet noir (Apus apus), avec une baisse de 46 % d’individus recensés, l’hirondelle des fenêtres (Delichon urbicum), – 42 %, ou le verdier d’Europe (Chloris chloris), – 56 %.

Au même moment, le Gouvernement renonce à délivrer aux betteraviers une nouvelle dérogation pour des semences traitées aux néonicotinoïdes. Il souhaite accélérer le déploiement de solutions alternatives et réduire la concurrence déloyale pour la filière française.

Pour rappel, face aux risques que représentent ces substances pour les polinisateurs, l’Union européenne a interdit en 2018 leur utilisation. En France, une loi adoptée en 2020 a ouvert la voie à des dérogations, jusqu’en 2023, pour le traitement des semences de betteraves, le temps de trouver des solutions alternatives. La France ne fait pas exception : dix autres États membres délivrent ou ont délivré ce type de dérogations.

En mai 2021, dans un rapport sur l’efficacité des solutions alternatives aux néonicotinoïdes, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a identifié quatre solutions disponibles à court terme pour réduire les populations de pucerons vecteurs de la jaunisse : deux solutions chimiques et deux méthodes culturales. L’Anses alertait néanmoins sur une nécessaire utilisation raisonnée du flonicamide et du spirotétramate, afin d’éviter les risques de résistances des pucerons. Elle soulignait également qu’il faudrait évaluer les risques pour la santé humaine et pour l’environnement du recours à ces produits pour les betteraves. Les deux autres solutions portaient sur la couverture des sols avec un paillage et la fertilisation avec du lombricompost, pour limiter les apports d’azote.

L’industrialisation de l’agriculture, la recherche de la rentabilité à marche forcée, à coups de pesticides et d’insecticides nous conduisent à cette impasse. Tuer les insectes, dans le sol et l’atmosphère, réduire les haies et les bosquets pour agrandir et « remembrer » les surfaces agricoles (1960), conduisent à la disparition des insectes pollinisateurs et les oiseaux : tuer le vivant ! Et l’Homme dans tout ça ? Il voit dans cette période se multiplier les cancers et pathologies inconnues jusqu’alors…

Source : www.actu-environnement.com/