Les perfluorés (PFAS), fabriqués depuis les années 50, constituent une famille de près de 4 500 substances chimiques ultrarésistantes, auxquelles nous sommes exposés au quotidien. Tellement résistants qu’ils peuvent rester plusieurs dizaines d’années dans l’environnement. Les PFAS sont largement utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, imperméables ou résistantes à de fortes chaleurs, on les retrouve dans une multitude d’applications industrielles (mousse anti-incendie, peintures, pesticides) et d’objets du quotidien (poêles en Teflon, papier cuisson, emballage alimentaire, textiles, cosmétiques…).

Les PFAS ont contaminé tous les milieux (eau, air, sol) et l’ensemble de la chaîne alimentaire. Cancers (rein, testicule), perturbations du système endocrinien (thyroïde), augmentation du taux de cholestérol, baisse de la fertilité ou de la réponse à la vaccination : les « polluants éternels » sont suspectés d’avoir de multiples effets délétères, même à très faible dose. L’accroissement constant du nombre de cancers en France ne peut laisser indifférent face à cette pollution. Depuis 1998, le nombre de cancers diagnostiqués a été multiplié par 3,6 (Assurance maladie).

Arkema à Pierre-Bénite dont le rejet d’eau polluée ne sont pas soumis à réglementation…

L’affaire des PFAS rejetés dans le Rhône par l’usine Akema de Pierre-Bénite au printemps dernier ne peut laisser indifférent. La Métropole de Lyon a fait parvenir aux maires de Givors et Grigny les résultats de la campagne de mesure de vingt perfluorés qu’elle a diligentée pour contrôler les eaux prélevées dans les réservoirs de Grigny et Givors. Les dernières mesures, contrôlant cette fois 20 perfluorés, font apparaître une concentration de perfluorés comprise entre 138,2 ng/L à Grigny et 166,6 ng/L à Givors pour le captage de Ternay dont dépendent les deux communes, soit un taux bien supérieur à la future norme (Communiqué des maires de Givors et Grigny, 10/06/2022). A Chasse-sur-Rhône, les résultats font apparaître une concentration de perfluorés comprise entre 130 et 180 nanogrammes/L (Le Progrès 07/07/2022).

Le ministère de la transition écologique a présenté mardi 17 janvier son plan destiné à réduire l’exposition à ces composés chimiques ultratoxiques et omniprésents dans l’environnement. Malgré l’accumulation des alertes scientifiques, pour le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, à travers ce plan d’action, « il s’agit dans un premier temps de mieux connaître ces substances dans l’environnement, les quantifier et les mesurer, et ensuite de mettre en place des actions de réduction à la source chez les principaux émetteurs ». Ces substances sont fabriquées depuis les années 1950 et le ministre de l’environnement en serait seulement à « mieux connaître » ? Alors qu’on connaît déjà les pathologies que les PFAS développent chez l’humain. Le ministère n’en serait-il pas à fabriquer le doute sur toutes les recherches engagées et les éléments connus ? C’est un procédé largement connu et dénoncé dans la bataille contre l’amiante et le tabac. Les industriels producteurs et utilisateurs de ces produits toxiques gagnent du temps pour conserver les marges de profits dégagés.

Il a fallu les révélations, en mai 2022, par le magazine « Vert de rage » (France 5) d’une importante pollution aux PFAS autour de l’usine Arkema dans la vallée de la chimie, à Pierre-Bénite, près de Lyon, pour que le ministère demande à l’inspection générale d’identifier les principales sources de PFAS sur le territoire. Les résultats de la mission sont attendus en février. D’ores et déjà on sait que des dizaines, voire des centaines de sites sont concernés (ex. réseau d’eau potable de Rumilly, en Haute-Savoie).

Le plan viserait à imposer aux sites industriels des contrôles de leurs rejets et des mesures pour les réduire. « Le site Arkema de Pierre-Bénite sera préfigurateur de cette démarche », indique le ministère. L’Etat a demandé à Arkema de réduire ses rejets par paliers (− 65 % en mars, − 73 % en décembre et − 80 % en septembre 2024), jusqu’à cesser d’utiliser tout additif PFAS d’ici à la fin 2024. Il faudra être vigilent.

Sources: www.generations-futures.fr/ (12/01/2023) ; www.lemonde.fr/ (17/01/2023)