Le 21 juin, les juges de la Cour suprême des États-Unis d’Amérique ont rejeté l’appel de l’entreprise agrochimique américaine, Monsanto, dans son procès contre un agriculteur californien à la retraite, Edwin Hardeman. Cette décision condamne ainsi définitivement la filiale du groupe pharmaceutique allemande, Bayer, à un dédommagement de 25 millions de dollars (23,5 millions d’euros) au profit du plaignant. L’ancien agriculteur, atteint d’un cancer lymphatique (ou lymphome non hodgkinien) et en procès depuis 2015, a utilisé du Roundup, le célèbre désherbant à base de glyphosate, pendant vingt-cinq ans.
Il est à noter que cette décision intervient un mois après l’appel du président Joe Biden en sa faveur. La haute instance de la justice américaine doit encore trancher sur une autre affaire mettant Bayer en cause, sur laquelle elle pourrait acter dans les prochaines semaines. Bayer est actuellement sous le coup de 30 000 procès contre son herbicide, après en avoir écarté 107 000 par le passé. Pour y faire face, le groupe a prévu d’ajouter 4,5 milliards de dollars à ses provisions pour litiges, s’élevant déjà à 11,6 milliards. En outre, dans une décision rendue vendredi 17 juin, la cour d’appel fédérale de San Francisco a demandé à l’Agence américaine de l’environnement (EPA) de réévaluer la dangerosité du glyphosate. En 2019, celle-ci avait conclu que l’herbicide ne présentait pourtant « aucun risque raisonnable pour l’homme ou l’environnement ».
Monsanto avait déjà (encore) fait parler de lui début août 2021. L’agrochimiste américain avait déjà perdu un procès en appel, dans lequel son produit le plus connu, le Roundup, était accusé d’avoir causé le cancer d’un couple. Malgré tout, Monsanto continuait de défendre l’innocuité du Roundup en avançant que « quatre décennies de donnée scientifiques approfondies et les évaluations des principaux organismes de réglementation sanitaire » prouvent que son utilisation est sûre. Des données issues d’études que le jugement qualifie d’invalides, selon l’AFP. Rappelons que le principal composant du Roundup, le glyphosate, est classé comme un « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En juin 2021, l’Institut de la santé et de la recherche médicale (Inserm) allait également à contre-courant des institutions européennes et publiait une étude faisant le lien entre la molécule et les maladies chroniques. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle des marchands de doute.
Source : www.actu-environnement.com/ (23/06/2022 ; 13/08/2021)