Selon le Bureau des risques et pollutions industriels (Barpi), rattaché au ministère de la Transition écologique, le nombre d’accidents sur les sites industriels classés a augmenté de 34 % en deux ans en France, et leur impact sur l’environnement est croissant. « L’année 2018 avec 1 112 accidents et incidents recensés en France dans les installations classées tend à montrer une évolution croissante de l’accidentologie par rapport aux années 2017 et 2016 avec respectivement 978 et 827 », Cela représente une « hausse de 34 % entre 2016 et 2018 », a relevé Christophe Bouillon, député PS, président de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’incendie de Lubrizol à Rouen.

180 sites classés Seveso en Auvergne-Rhône-Alpes.

Selon l’inventaire 2018 des accidents technologiques du Barpi, qui n’inclut pas les centrales nucléaires, les seuls sites Seveso, installations classées les plus dangereuses, ont connu une hausse de 25 % des accidents en 2018 (22 % en 2017 et 15 % en 2016). La France comptait 1.312 sites Seveso en 2018, dont 705 seuil haut, comme Lubrizol à Rouen, et 607 seuil bas. Fin 2015, lors du dernier recensement, la France en comptait 1.261 (700 en seuil haut et 561 en seuil bas). L’accidentologie potentielle a augmenté. La région Auvergne-Rhône-Alpes compte 180 sites Seveso dont 104 « seuil haut » et 76 « seuil bas ». C’est la première région française aussi fortement exposée.

La France comptait au total 494 000 installations classées fin 2014, selon le ministère. Ces installations classées (ICPE) sont des « exploitations industrielles ou agricoles susceptibles de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances, notamment pour la sécurité et la santé des riverains ».

Selon le Barpi, les accidents ont « un impact environnemental beaucoup plus fréquent » (…) « constaté dans 35% des cas en 2018 eu lieu de 25% en 2017 ». Selon l’inventaire, les conséquences humaines sont en retrait avec cinq décès en 2018. Le nombre total de blessés (25 parmi la population dans 11 accidents) est « en retrait sensible rapport à 2017 au détriment toutefois d’une gravité plus prononcée ».

Par contre, on observe un net relâchement de la surveillance des installation. Même si le nombre d’inspecteurs est resté à peu près constant. le nombre de visite sur les sites classés a « baissé de 40 % » (18.000 en 2018 contre 30.000 en 2006), a relevé David Romieux (CGT) devant la commission d’enquête du Sénat sur Lubrizol. De son côté, le ministère dénombre 18 196 visites d’inspection en 2018, contre 20 000 en 2014. Et une baisse de 34% des visites entre 2006 et 2014. Le nombre de sanctions administratives a toutefois augmenté, passant de 320 sanctions en 2016, à 433 en 2018. Soulignant la dérive des industriels en matière de vigilance sur la sécurité.

Devant la commission d’enquête du Sénat fut souligné une dérive inquiétante : « le recours à la sous-traitance n’est pas neutre en termes de maîtrise des risques, car le prestataire connaît parfois mal les risques associés à des installations non familières. Les salariés du donneur d’ordre ne réalisant plus les gestes techniques peuvent perdre leur capacité à appréhender la qualité des travaux réalisés ».

Nul n’en sera surpris quand on connaît les facilités de dérogation en matière de sécurité des installation industrielles à risques accordées par les services de l’État aux industriels. La législation des installations classées en 1976, puis les directives Seveso 1 (1982) et Seveso 2 (1996), complétées par Seveso 3 (2012) sont moins sévèrement contrôlées, comme le montre la baisse des inspections de terrain. De plus, l’« instruction du gouvernement » Hulot-Collomb du 6 novembre 2017 – sans valeur réglementaire, certainement illégale puisqu’elle méconnaît des dispositions législatives et réglementaires, comme le soulignent Corinne Lepage et Patrick Lions (Le Monde) – supprime une grande partie des informations accessibles à la population.

Source : https://www.goodplanet.info/actualite/ (25/11/2019)