Contrôles de la qualité sanitaire de l’alimentation aux mains du privé…
1 août, 2022
Une privatisation partielle des contrôles et des analyses est envisagée,..
L’hygiène alimentaire a fait des progrès très significatifs, depuis des décennies. Indéniablement, le nombre d'intoxications alimentaires a fortement baissé. Au cours des cinquante années écoulées, un niveau de sécurité très important a été atteint en ce domaine. Dans cette période, l'industrie agroalimentaire a conduit à évoluer vers un processus de contrôle des produits reposant sur deux piliers. D'un côté, les auto-contrôles par les industriels. De l'autre, la supervision des contrôles par les pouvoirs publics, qui valident le process de sécurité sanitaire du professionnel, et réalisent des contrôles réguliers et inopinés. En principe…
Mais la dernière période incite le consommateur a demeurer très vigilant en la matière : les affaires Ferrero, Buitoni, Lactalis et autre Nestlé sont là pour nous rappeler que les pizzas et le chocolat doivent être observés de plus près. Soulignant du même coup les insuffisances du système de contrôle.
Les industriels respectent-ils le processus qu'ils se sont engagés à mettre en œuvre ? Ou la recherche du profit pour nourrir les actionnaires en vient-elle trop souvent à passer outre l’engagement et laisser filer la came… Quant aux contrôles des pouvoirs publics ne sont-ils pas contraints par les objectifs de réductions du personnel dans les services administratifs ? Les services publics en charge des contrôles sont en sous-effectif. D'après la Cour des comptes, le nombre d'inspecteurs vétérinaires a baissé de 11 % et ceux de la répression des fraudes de 20 % entre 2017 et 2019. L'État a démissionné progressivement de son rôle de contrôle. Dans ce contexte, un industriel peut être tenté de rogner les procédures d'hygiène, car ce sont des coûts en plus et de la marge en moins.
« Il est très inquiétant de voir qu'un fabricant majeur de chocolat n'est toujours pas en mesure à ce jour de faire la transparence totale sur les causes du problème, ni d'assurer un rappel complet des produits concernés. De manière générale, pour le consommateur, il est complexe d'identifier les produits potentiellement à risque. Chaque jour, il y a des rappels de produits, dans tous les domaines, de l’alimentaire à l’hygiène, en passant par l'électronique. On peut le voir positivement, comme le signe que le système des rappels de produits fonctionne bien, et que les industriels, par principe de précaution, n'hésitent pas à retirer des produits du marché quand il y a le moindre doute. Ce qui est inadmissible, en revanche, c'est quand ces rappels sont dus à l'insuffisance des moyens consacrés par le fabricant pour garantir la sécurité. Cela semble être le cas pour l'usine de pizzas Buitoni-Nestlé au vu de la récente enquête des services officiels. Pour Ferrero, on manque encore d'informations précises, mais il y a eu, pour le moins, des failles dans le système de rappel des produits », d’après Olivier Andrault Chargé de mission alimentation à l'UFC-Que Choisir.
En pleins scandales Buitoni et Kinder, est annoncé le transfert de la surveillance de la qualité de nos aliments du ministère de l’Économie vers celui de l’Agriculture. Une privatisation partielle des contrôles et des analyses est envisagée, et les moyens humains ne seraient pas renforcés. Les missions de contrôle et d’analyses de nos denrées alimentaires seront transférées dès 2023 du ministère de l’Économie au ministère de l’Agriculture – plus précisément de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Une décision qui « sonne comme une sanction » à l’heure où les agents gèrent l’alerte Buitoni, déplore la CFDT-CCRF. Le syndicat redoute que ce transfert de missions ne soit que le début d’un « dépeçage » de la DGCCRF par d’autres administrations.
Source : www.quechoisir.org