Et si l’on classait la cheminée de l’ancienne verrerie monument historique ?
A la l’initiative de Razika Dali, fille d’un verrier qui passa trente-cinq ans de sa vie à la verrerie de Givors, une demande a été adressée aux autorités en vue du classement de l’ancienne cheminée « monument historique ». De nombreuses initiatives se sont déjà déroulées à son pied, car les anciens verriers y restent d’autant plus attachés qu’elle représente des siècles de labeur de milliers de salariés à Givors. Depuis 1749 coule le verre en fusion dans cette ville. Sur le site même, un siècle d’existence de la verrerie, avant sa fermeture en janvier 2003.
C’est en 2014, le 18 janvier que l’association des anciens verriers apposait sur le fût de cette cheminée emblématique deux plaques en « Hommage aux verriers victimes de maladies professionnelles non reconnues ». Hommage commémoratif auquel avait tenu à s’associer plusieurs centaines de personnes avec les maires de Givors et Grigny Martial Passi et René Balme, le sénateur communiste Guy Fischer et le vice-président du Conseil Régional Alain Chabrolle.
Cet hommage était d’autant plus justifié dix ans après la fermeture de la verrerie que le combat se poursuivait pour la reconnaissance des maladies professionnelles de cette population ouvrière victime de conditions de travail déplorables et dangereuses : chaleur, bruit, stress, travail en équipe, exposition aux produits toxiques : amiante, arsenic, silice, hydrocarbures, solvants, etc. dont 53 fiches de données de sécurité les classent dangereux pour la santé. Cet hommage constituait une étape dans ce long combat qui n’est pas achevé.
Le ministre du travail persiste toujours dans son refus d’inscrire la verrerie de Givors dans la liste des sites amiantés de son ministère. Ceci faciliterait la reconnaissance des pathologies par la Sécurité sociale. Une démarche effectuée en novembre dernier par une délégation de l’association auprès du député LREM Jean-Luc Fugit n’a reçu pour l’instant aucune suite, même pas un accusé de réception. Pour le classement de ce site la procédure poursuit son cours, les verriers sont en attente de l’audience devant la Cour d’appel administrative de Lyon. Rien d’extraordinaire en cela puisque trois verreries comme celle de Givors n’ont été inscrites qu’après des décisions prononcées par des Cours administratives. Le pouvoir est réticent à reconnaître les risques professionnels.
L’initiative de demande de classement de la cheminée en « monument historique » reçoit le soutien total de l’association. C’est un élément complémentaire pour rendre encore plus visible le combat que mène les anciens verriers pour la reconnaissance des maladies d’origine professionnelle qui emportent nombre d’entre-eux.